La violence au travail dans ses formes brutales est dénoncée et réprimée. Elle se transforme en une manifestation plus sournoise, mais tout aussi douloureuse pour qui subit : le management toxique …
Certains hiérarchiques sont faciles à repérer par leurs fonctionnements avérés et souvent publics d’humiliation ou de harcèlement. Heureusement, le monde du travail a évolué et, de plus en plus souvent, ces comportements qui sont à juste titre assimilés à de la violence sont dénoncés et condamnés plus que moralement, au vrai sens du terme par les tribunaux.
Tout serait donc maintenant pour le mieux dans le meilleur des mondes du travail ou en voie de l’être ?
Loin de là et peut-être même au contraire. Cette légitime dénonciation par les employés, souvent appuyés des médecins du travail ou des syndicats, a mis les managers toxiques en mode « méfiance » dans un univers du travail où l’impunité n’est plus de mise. Ils sont attentifs à ne pas se faire piéger par leurs comportements légitimement reconnus comme répréhensibles.
Mais, viscérale ou génétique, enfouie en eux, ces managers ne peuvent empêcher leur toxicité de s’exprimer. Il ne s’agit pas ici des énervements passagers que l’un ou l’autre nous avons pu ressentir, et parfois exprimer, vis-à-vis d’un ou d’une collègue. Il s’agit de cette toxicité dans les comportements quotidiens qui prend des formes plus sophistiquées.
Par exemple en créant un contexte où les missions de la cible ne pourront s’effectuer normalement, où les prises de décisions qui la concerne seront ralenties. Et, conséquence logique, où ses objectifs ne seront pas atteints. Ce qui vient avec son lot de stress et de frustration pour le salarié qui voit ses missions se complexifier. Le manager toxique dit rarement « non » en frontal. Au contraire, il valide et délègue la mise en œuvre de l’action qui concerne la cible à d’autres dans la hiérarchie, se chargeant, lui, de freiner ou de bloquer les moyens matériels ou financiers nécessaires à l’accomplissement. Au final, la faute ne lui incombera pas.
Les tenants de cette catégorie, moins caricaturaux, sont d’autant plus dangereux que pour la majorité des leurs subordonnés, le temps passera avant de pouvoir en prendre conscience. Ce temps aura accumulé frustrations et doutes. Il aura miné et fragilisé.
Que faire contre ces actions plus difficiles à démontrer comme intentionnelles ? Peu de choses à vrai dire, si ce n’est l’obligation pour la cible de repérer rapidement de tels comportements. Puis trouver les moyens de « distancier » pour sortir au plus tôt de l’emprise de la toxicité.
Pervers ou malades ces managers ? Probablement les deux.
Le dosage appartiendra aux spécialistes. Même s’ils se contrôlent, les toxiques ne peuvent en tous cas réprimer totalement leurs comportements. C’est bien là l’acceptation du malade : il subit indépendamment de sa volonté consciente. Est-il raisonnable et légitime de sanctionner un malade ? Nous devons être une majorité à penser que non.
Que faire pour protéger les Hommes et l’Organisation des toxiques ?
Parmi les possibles : s’éloigner de l’œil du cyclone ; essayer de les amener à prendre conscience de leurs comportements (dur, dur quand ils ont accumulé les heures de vol !) ; ne pas les laisser en place ; dénoncer en public et avec calme ces agissements ; … À chacun, confronté ou solidaire, de choisir ce qui peut être fait selon ce qu’il est et selon ce qu’est son environnement.
Mais en tous cas, les identifier au plus vite pour s’en prémunir ! Pour aider, ou à défaut amuser, voici un petit test (toute ressemblance avec une personne existante …)